henri autin

Journal de Campagne de Henri Autin

< 1915 - Exercices >

25 mars

Petite marche de 25 km - dîner sur le terrain - tir l'après-midi, la compagnie fait un mauvais tir et moi particulièrement, je fais 0. Le capitaine est furieux et nous restons là jusque 5h du soir.

26 mars

Revue du 403 par le général Goiran, petite manoeuvre devant lui - la soupe du matin passe à l'as - nous rentrons à 4h après 20 heures sans manger depuis hier 5h - 41/2 double ration et 1/4 de jus.

28 mars

Journée bien remplie, je fais mes Pâques le matin; de midi à 1h exercice de tir à cause de notre tir de jeudi - à 7h soirée récréative au presbytère du grand Andelys.

1er avril

Mme Vivier Robert m'écrit que madame Beaudequin mère de mon docteur lui a demandé si elle connaissait quelqu'un ayant été soigné par son fils et auquel elle pourrait s'intéresser. Madame Vivier m'a désigné et j'accepte ce marrainage mais au profit de mes enfants. Mme Beaudequin est de la Croix-Rouge et peut-être pourra-t-elle quelque chose pour eux.

2 avril

Revue de détail par le commandant de compagnie en prévision de notre embarquement qui doit avoir lieu demain pour le camps de Mailly. Le soir le cafard me prend, tous mes camarades font leurs achats pour le voyage, 2 d'entre eux m'emmènent pour me distraire. Je rendre au cantonnement aussi monotone qu'à ma sortie. Voici mon séjour aux Andelys terminé, il s'est passé normalement. 

Le matin exercices indivuduels (sauts de mure, assaut de côtes avec armes et bagages, pas de gymnastique, etc les après-midi, service en campagne. 

Je suis entouré d'un bon milieu, je ne souffre que d'une chose, c'est de ne pouvoir réciproquer ce que les autres font pour moi. J'ai une personne riche dans ma famille qui aurait pu m'aider mais elle n'en n'a pas l'initiative, je préfère ne pas le demander. 

8h du soir l'appel: un camarade de la 5ème escouade nommé Gastine m'offre une coupe de champagne que j'accepte les larmes dans le coeur, car il y a là le geste de mon camarade Babault qui n'a pas voulu me laisser seul. Dans la nuit, 3 contre-appels.

3 avril

5h réveil: enlever la paille et nettoyage du cantonnement 

7h soupe et ¼ de jus - 8h distribution de vivres et vin pour le voyage - 10h embarquement - 10h1/2 départ du train. Il y a foule en gare des Andelys. Nous passons St Pierre du Vauvray, Gaillon, Vernon, Mantes, St Cyr, Versailles, Juvisy, Vilneuve St Georges - 10h1/2 (6) Verneuil - 12 h Longueville

4 avril

Pâques 

0h40 passage à Nogent s/Seine ¼ de jus 

Au petit jour Charmant-Ari sur Aube 

8h débarquement camp de Mailly défilé devant le général commandant le camp - de la boue jusque à la cheville. 

Je suis surpris de trouve le logement aussi confortable alors que je m'attendais à coucher soua la tente et sur la paille. Nous sommes logés dans des bâtiments tout à fait modernes et nous avons des draps et de bons lits. Toute l'après-midi se passe en revue sur revue. Arme, propreté, etc 

6h1/2 couché et voilà le jour de Pâques passé.

mailly

Le camp de Mailly

5 avril

Lundi de Pâques 

Exercice en campagne toute la journée sous la pluie. Nous sommes ici 5 régiments (15 000 h) qui évoluent tout à leur aise. La superficie du camp étant de 11 170 hectares. Il est peut-être bon de dire que je n'ai jamais contrôlé si les 15 000 h sont bien présents mais les écussons vont de 400 à 405 et partout autour de moi je ne vois que des troupes jusqu'à l'horizon. Infanterie, cavalerie, artillerie, etc

7 avril

Grâce à l'estime que la personnel de l'hôpital de Romorantin me consacre à cause de la solitude dans laquelle je me trouve, je reçois aujourd'hui un mandat de 20 frs de madame Noiriel de Fontenay s/Bois.

9 avril

Je profite de l'argent de Madame Noiriel pour aller jusqu'au village et m'acheter quelques petites choses qui me manquent et notamment du chocolat car j'avais l'air trop malheureux dans les marches, les autres mangeant toujours quelque chose avec leur pain et moi le mangeant sec.

11 avril

Matin, corvée et revue de propreté-après-midi service en campagne (sans sac)- 5h quartier libre

12 avril

Aujourd'hui j'ai sérieusement le cafard ; ce matin alors que nous allions à l'exercice, un contre-ordre arrive et l'on nous fait rentré dans nos cantonnnements. Le lieutenant nous fait comprendre qu'il y aura alerte cette nuit et qu'il faudra nous munir de tout ce que nous possédons mais personne ne sait si c'est pour le front. 

Dans l'après-midi, nous replions toutes les literies, il va nous falloir coucher à terre jusque deux heure du matin. Nous partons définitivement, et l'on distribue les vivres de chemin de fer. Le moral reprend le dessus, j'écris quelques lettes et me couche sur la dure.

©2003-2008 Anne Autin-Simon